Préambule

Le dirigeable le « Lebaudy » militarisé  1905 et 1908-1909  

Le dirigeable le « Patrie »  1906 - 1907  

Le dirigeable « République » 1908–1909  

Le dirigeable le « Liberté » et les derniers dirigeables à Chalais  1910 - 1914  

   

 

- Le dirigeable le « Liberté » et les derniers dirigeables à Chalais  1910 - 1914

Après la perte des dirigeables « Patrie » et « République » dont les ascensions avaient animé l'Établissement Central de Meudon de 1906 à 1909, les manoeuvres des dirigeables à Chalais devaient être assez limitées.

Progressivement, en effet

-          le service des ballons dirigeables militaires passait de Établissement Central de Meudon aux Troupes d'Aérostation (Bataillon d'Aérostiers de Versailles, puis Groupes et Régiment d'Aérostiers),

-          les ports d'attache des dirigeables étaient organisés dans les places fortes de la frontière (Verdun, Toul, Épinal, Belfort, Maubeuge) et dans les centres d'instruction (Saint-Cyr, Camp de Châlons ... ),

-    aux ballons du type semi-rigide « Lebaudy » venaient s'adjoindre les dirigeables    souples à grande nacelle (type Clément Bayard, Astra, Zodiac, etc ... ) et même le dirigeable souple cloisonné à petite nacelle « Fleurus » du Capitaine Lenoir,

-     le cube des ballons augmentait également ; des premières vedettes de 3.000 à 4.500 m3 on passait aux éclaireurs de 6.500 m3 et aux croiseurs de 9.000 m3, en attendant les grands croiseurs de 20.000 m3.  

Le «Liberté».  En médaillon, le pilote.

Comme le terrain réduit et le hangar du Parc de Chalais ne pouvaient être utilisés que pour la manoeuvre de dirigeables vedettes à la conduite suffisamment maniable et à l'encombrement suffisamment restreint, seul le dirigeable vedette « Liberté » successeur direct du « Patrie » et du « République » a encore pu être manoeuvré couramment à Chalais en 1910.

Le nouveau dirigeable « Liberté » était un « Lebaudy » agrandi et perfectionné, d'un cube de 4.600 m3 avec une nacelle plus spacieuse, des gouvernails plus développés, un moteur plus puissant.  Il offrait surtout la garantie de nouvelles hélices en bois surélevées, plus grandes et moins rapides, d'un fonctionnement beaucoup plus sùr.  En 1910, « Liberté » a été manoeuvré tantôt à l'Etablissement de Chalais, tantôt au port d'attache de Saint-Cyr ; il a aussi participé aux Grandes Manoeuvres de Picardie.  Les officiers de Chalais concouraient à la conduite du ballon et le Capitaine Bois, notamment, l'a piloté au cours de quatorze ascensions d'une durée totale de plus de vingt heures.

Sans insister sur les ascensions d'instruction devenues banales effectuées tant à Chalais qu'à Saint-Cyr, on ne s'étendra un peu que sur la campagne des Grandes Manoeuvres.

Le « Liberté » dont le Capitaine Bois avait reçu le commandement devait être installé pendant les Grandes Manoeuvres sous hangar démontable à Grandvilliers (Oise) auprès des dirigeables « Clément Bayard » (Lieutenant Tixier) et « Zodiac » (M. de la Vaulx) et des escadrilles d'avions présentées aux Manoeuvres pour la première fois.

Le ballon, après des ascensions préliminaires à Chalais les 6 et 8 septembre, gagnait Grandvilliers le .14 septembre.  Voyage normal de Chalais à Grandvilliers par Beauvais ; 125 km en 4 heures.

Deux courtes ascensions à Grandvilliers les 14 et 16 septembre.

Deux grandes ascensions de reconnaissance de trois et quatre heures (régions de Grandvilliers et de Troissereux) dans la journée du 18 septembre.  Ascensions sans incident.

Le « Liberté » qui devait rentrer à Chalais à l'issue des Manoeuvres quittait Grandvilliers le matin du 19 septembre par temps calme.

Une fâcheuse panne de moteur survenant après deux heures de navigation depuis Grandvilliers (environ 70 km) obligeait à atterrir.  Le ballon se posait sans difficulté dans un ravin convenablement abrité à Vallangoujard, non loin de Pontoise, et y était campé.  Les réparations effectuées, et après une après-midi et une nuit au campement, « Liberté » repartait de Vallangoujard le lendemain matin 20 septembre et, en une heure, regagnait Chalais (55 km) où il atterrissait normalement.  Le retour de Vallangoujard avait été néanmoins contrarié par un vent fort rendant la direction difficile.

Après ces exercices ou manoeuvres du « Liberté » en 1910 qui furent les derniers effectués par les dirigeables à Chalais, les officiers de Chalais n'abandonnèrent pas pour autant le pilotage des nouveaux engins mis en construction, en essais ou en service.  On indique en particulier les ascensions auxquelles le Capitaine Bois fut appelé à participer de 1908 à 1914 en sus de celles déjà mentionnées sur «Lebaudy», « Patrie », « République » et « Liberté ».

1° Pilotage, en 1911, de l'éclaireur de 6.500 m3 « Capitaine Marchal » du type «Lebaudy » construit à Moisson, pendant ses essais à Moisson du 24 mars au 3 mai, neuf ascensions d'une durée totale de douze heures, dont une de trois heures sur Evreux.

2° Pilotage, en 1912 et 1913, du second éclaireur type « Lebaudy » de 6.500 m3 « Selle de Beauchamp »,

- deux ascensions en 1912 à Moisson,

- voyage de Moisson au Camp de Châlons le 2 mai 1913 ascension d'une durée de 5h.47 avec parcours de 235 km par Pontoise, Compiègne, Soissons et Reims.

3° Autres ascensions d'essai ou d'entraînement de 1908 à 1914 sur dirigeables divers.

Parmi celles-ci, on peut relever

- dix ascensions au cours d'essais effectués dans les parcs des constructeurs sur « Ville de Paris », « Zodiac », « Le Temps », « Clément Boyard » ...  

- quatorze ascensions d'études ou d'entraînement à Saint-Cyr ou dans les places frontières de Verdun, Toul, Epinal, Maubeuge sur « Fleurus», « Adjudant Vincenot », « Adjudant Reau », « Dupuy de Lome »...

Ces souvenirs de la période héroïque des dirigeables militaires français d'il y a cinquante ans, de 1905 à 1914, n'ont d'autre but que de rappeler ce qui fut réalisé à Chalais-Meudon même comme manoeuvres de ballons dirigeables pendant cette période et ce qui pouvait être demandé alors à un officier aérostier pilote.

Ils font ressortir d'une part le nombre, la nature et l'importance des ascensions exécutées à Chalais ou en partant de Chalais au cours des campagnes des dirigeables militaires, et plus particulièrement du « Patrie » et du « République », d'autre part les succès ou les accidents qui les ont marquées.

Ils montrent aussi l'importance des services aériens accomplis pendant cette période par un officier aérostier pilote de Chalais réalisant 120 ascensions en ballon dirigeable d'une durée totale de plus de 180 heures, à ajouter à 30 ascensions en ballon libre totalisant 160 heures effectuées entre temps.  

Contrôleur Général BOIS. ( Décembre 1959)

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