Préambule

Le dirigeable le « Lebaudy » militarisé  1905 et 1908-1909  

Le dirigeable le « Patrie »  1906 - 1907  

Le dirigeable « République » 1908–1909  

Le dirigeable le « Liberté » et les derniers dirigeables à Chalais  1910 - 1914  

   

 

Le dirigeable le « Lebaudy » militarisé  1905 et 1908-1909

Le dirigeable de MM.  Paul et Pierre Lebaudy, construit sous l'inspiration et la direction de M. l'ingénieur Julliot, est le type du ballon semi-rigide à armature métallique intermédiaire entre la longue enveloppe et une petite nacelle.

Le ballon était expérimenté au parc Lebaudy à Moisson (Seine-et-Oise), piloté par M. Juchmès.

Diverses améliorations lui furent successivement apportées et son cube notamment était porté de 2.300 à 3.400 m3.

Après les essais de 1902 et 1903 et les deux campagnes de 1904, il avait déjà 63 ascensions à son actif.

I - Le « Lebaudy » à Toul en 1905

C'est en 1905 qu'on entreprit d'exécuter avec le ballon de MM. Lebaudy des campagnes d'essais et d'épreuves pour reconnaître et déterminer les conditions de son éventuelle utilisation militaire.

Après une première série d'essais terminés malencontreusement au campement du Camp de Chalons, il fut décidé de transporter le dirigeable à Toul.

Un manège du quartier d'artillerie de la Justice avait été transformé en hangar provisoire pour le recevoir.  Un détachement d'aérostiers commandé par le Lieutenant Bois était chargé des manoeuvres à terre.  Le Commandant Bouttieaux suivait les essais et le Capitaine Voyer participait à toutes les ascensions.

Le ballon - "le jaune" ou le "Lebaudy" comme on l'appelait alors - a été gonflé et arrimé du 22 septembre au 4 octobre et dégonflé le 30 novembre.

Pendant cette période, le dirigeable a fait dix ascensions d'une durée totale d'environ douze heures.

MM. Juchmès et Rey, pilote et mécanicien de MM.  Lebaudy, étaient naturellement de toutes les ascensions.

Le Capitaine Voyer est également à bord dans toutes les sorties ; le Commandant Bouttieaux monte dans l'ascension inaugurale du 8 octobre et accompagne le Ministre de la Guerre dans celle du 24 ; le Lieutenant Bois prend part à celles des 17, 21 et 26 octobre.

Du point de vue technique, toutes ces ascensions ont été réussies.

On mentionnera les suivantes

Ascension du 8 octobre. - Pour sa première sortie à Toul ' le ballon passe sur l'hôpital militaire pour y saluer le Ministre de la Guerre.

Ascension du 12 octobre. - Le ballon va survoler Nancy 52 km en 2h.14 (c'est alors le record du voyage avec retour en dirigeable).

Ascension du 19 octobre. - Avec à bord le Général Pamard, Commandant la 3e Division à Toul, le ballon fait une reconnaissance sur les forts : 51 km en 2h.31.

Ascension du 24 octobre. - Ascension solennelle en l'honneur de M. Berteaux, Ministre de la Guerre, qui avait préalablement envoyé un ordre de service spécial.  Le Ministre, après avoir échangé son haut-de-forme contre une casquette, monte à bord et visite de haut la place de Toul.

Ascension du 7 novembre. - Sortie dans les environs de Toul avec à bord le Général Michal, commandant le 20e Corps.

Ascension du 10 novembre. - Ascension d'altitude où le ballon navigue sans peine à l'altitude de 1370 mètres (1120 m. au-dessus de Toul) au-dessus des nuages.

Après cette brillante campagne, le "Lebaudy" est sacré dirigeable militaire et la commande est passée à MM.  Lebaudy pour la construction d'un nouveau dirigeable du même type, mais plus puissant, le "Patrie".

II - Campagnes du « Lebaudy » à Chalais  en 1908 et 1909

Après la perte du "Patrie" le 30 novembre 1907 et tandis que le "Ville de Paris" allait le remplacer à Verdun, il fut décidé d'entreposer le "Lebaudy" à Chalais pour y servir à l'instruction des pilotes.

Une première campagne d'instruction sur le "Lebaudy", partiellement transformé et amélioré, a eu lieu à Chalais pendant l'automne 1908.

Du 2 octobre au 10 novembre, le Capitaine Bois y a piloté le ballon au cours de 9 ascensions d'une durée totale de 10 heures.

Il ne s'agissait plus de faire de la propagande ou de battre des records, mais de le ramener à son point de départ, ce qui fut toujours fait, malgré la rupture d'une hélice au cours de l'ascension du 8 octobre et une longue escale à la suite d'une panne à Versailles, au cours de l'ascension du 30 octobre.

La seconde campagne d'instruction sur le "Lebaudy" a eu lieu pendant l'été 1909.  Après le gonflement à Chalais, trois ascensions pilotées par le Capitaine Bois, d'une durée totale de 3h.16, y furent effectuées du 15 au 22 mai, sans incident.

A propos des campagnes du "Lebaudy" à Chalais, il convient de signaler une ascension libre effectuée les 18 et 19 novembre 1908 par le Capitaine Voyer et le Capitaine Bois dans un sphérique normal gonflé avec l'hydrogène récupéré dans le dégonflement du dirigeable.

Sur des prévisions erronées du Bureau Central Météorologique, les pilotes quittaient Chalais le 18 à 21h.15 dans l'espoir de battre le record de distance des ballons libres militaires.  Mais, peu après le départ, une forte tempête s'est élevée qui a fait dévier le ballon de sa direction primitive.  Par une nuit noire, un vent violent et une pluie battante, dans l'ignorance de l'itinéraire suivi et en l'absence de tout terrain d'atterrissage propice, le ballon était porté dans une direction inconnue et atterrissait à la déchirure, au petit jour, le 19 à 7h.30... sur la toiture d'un poste d'aiguillage non loin d'une grande gare, en pays boisé coupé de vallées industrielles.  L'aiguilleur portait un uniforme allemand et on était près de Hagen, en Westphalie.  On apprit que le ballon avait traversé les forêts des Ardennes, survolé les hauts-fourneaux de Liège, franchi le Rhin et guide-ropé la Ruhr.  Les 500 kilomètres parcourus suffisaient pour établir le record des ballons militaires mais la coupe échappait, l'atterrissage à l'étranger n'étant pas admis.  L'affaire qui menaçait de provoquer des difficultés diplomatiques - on était en 1908 - était vivement arrangée, de nuit, par le Ministre.

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