Préambule

Le dirigeable le « Lebaudy » militarisé  1905 et 1908-1909  

Le dirigeable le « Patrie »  1906 - 1907  

Le dirigeable « République » 1908–1909  

Le dirigeable le « Liberté » et les derniers dirigeables à Chalais  1910 - 1914  

   

 

- Le dirigeable le « Patrie »  1906 - 1907

La commande à MM.  Lebaudy du dirigeable militaire « Patrie » a été passée dès la fin de 1905 après le succès de la compagne du « Lebaudy » à Toul.

Le « Patrie », du type semi-rigide, rappelle à s'y méprendre le «Lebaudy», mais amélioré par l'augmentation du cube porté à 3.600 m3 et de la puissance du moteur, le développement des empennages, l'adjonction d'ailerons ou gouvernails de profondeur, etc...

« Patrie » a fait trois campagnes de gonflement

- la campagne d'automne 1906, comportant la mise au point et la réception du ballon à Moisson et sa livraison à Chalais,

- la campagne d'été 1907, à Chalais, campagne d'instruction, d'épreuve et de propagande,

la compagne d'automne 1907 entreprise à Chalais, continuée par le voyage à Verdun et terminée prématurément par la perte du ballon.

I - Campagne d'automne 1906 du « Patrie ».

La construction du « Patrie » a été achevée dans le parc aérostatique de MM.  Lebaudy à Moisson en octobre 1906.

Tandis que les officiers de Chalais (Commandant Bouttieaux et Capitaine Voyer) dirigeaient les essais de réception, un détachement d'aérostiers commandé par le Lieutenant Bois était envoyé à Moisson pour y manoeuvrer le ballon.

Le Capitaine Voyer et le Lieutenant Bois devaient constituer le premier équipage militaire, prendre livraison du ballon et le mener à Chalais.

Au cours de la campagne 1906, le dirigeable a fait onze ascensions :

- neuf à Moisson du 16 novembre au 2 décembre,

- le voyage Moisson-Chalais le 15 décembre et une dernière ascension le 17.

Toutes ces ascensions ont été pilotées par le Capitaine Voyer et le Lieutenant Bois, avec M. Juchmès, pilote de MM.  Lebaudy, pour les six premières.

Les neuf ascensions effectuées à Moisson jusqu'au 2 décembre avaient pour but de vérifier le fonctionnement du ballon, d'en mesurer la vitesse ' d'en régler les organes, les ailerons et les transmissions ; elles ont eu une durée totale d'environ six heures et n'ont été marquées par aucun incident à signaler.

Le 15 décembre, par un beau temps et malgré un vent assez fort de 12 m/s. à la Tour Eiffel (la vitesse propre du ballon n'est guère que de 36 km/h.), il est décidé de faire le voyage de Moisson à Chalais.

L'itinéraire, par Mantes et Versailles, est de 63 km et a été parcouru en 1 h. 27.

Le « Patrie » à Chalais-Meudon

Un peu de roulis et de tangage, mais pas de difficultés sérieuses, atterrissage normal malgré des remous au-dessus de Chalais.

Le 17 décembre, « Patrie », avec le Commandant Bouttieaux à bord, faisait de Chalais une ascension d'une heure pour se montrer aux Parisiens, passant notamment sur l'Arc de Triomphe, la Concorde, le Ministère de la Guerre et les Invalides ; ascension sans histoire.

Puis le dirigeable était dégonflé.

Le voyage de « Patrie » de Moisson à Chalais sous la conduite de son nouvel équipage militaire a eu un grand retentissement et la presse lui a consacré les commentaires les plus favorables.

Un détail.  Pendant son détachement à Moisson, le Lieutenant Bois avait été muté du Bataillon d'Aérostiers de Versailles à l'Établissement Central de Chalais-Meudon.  Quelques minutes après l'arrivée du dirigeable à Chalais, le Commandant Bouttieaux s'empressait de rendre compte « officiellement » au Ministre de la Guerre que le Lieutenant Bois, affecté à l'Établissement Central de ChalaisMeudon, venait de rejoindre son nouveau poste « par voie aérienne ».

II - Campagne d'été 1907 du « Patrie ».

Après avoir passé l'hiver à Chalais, subi quelques transformations et avant son envoi au port d'attache de Verdun, « Patrie » devait entreprendre à Chalais une campagne d'été, de juin à août, dans le but de confirmer ses pilotes, d'en instruire de nouveaux, de déterminer les conditions d'emploi du ballon et... de le présenter aux plus hautes autorités.

Du 27 juin au 7 août, « Patrie » a ainsi exécuté vingt et une ascensions d'une durée totale de vingt heures.

Dans ces ascensions, le ballon était normalement piloté par le Capitaine Voyer ou le Capitaine Bois avec, comme aide-pilote, le Lieutenant Bienvenue ou le Lieutenant Delassus du Bataillon d'Aérostiers ; dans les grandes circonstances, le Capitaine Voyer et le Capitaine Bois pilotaient ensemble ; les nouveaux sous-officiers mécaniciens étaient au moteur.

Signalons d'abord quelques ascensions sortant de la banalité

l' Les ascensions du 27 juin et du 21 juillet marquées :

- la première, par un mauvais fonctionnement du moteur ayant rendu l'atterrissage difficile, très près des arbres,

- la seconde, par la rupture du câble de commande du gouvernail ayant entraîné la dérive du ballon forcé d'atterrir et de faire une escale de deux heures sur le plateau.

2' Les ascensions du 13 et du 17 juillet avec promenades au-dessus de Paris.

3' L'ascension du 14 juillet à la Revue de Longchamp.

Au cours de cette courte et facile ascension, le dirigeable évolue au-dessus de Longchamp pendant la revue des troupes, provoquant les acclamations de la foule et la frayeur des cavaliers.

Mais insistons maintenant sur les ascensions plus solennelles du fait des personnalités qui y ont pris part ou assisté :

1° Ascension du 29 juillet.  Ascension pour le Général Roques, Directeur au Ministère.  Pilotes : Capitaine Voyer et Capitaine Bois.  Beau temps.  Durée : 54 minutes, distance parcourue : 28 km.  Itinéraire : Sèvres, Versailles, Petit Bicêtre.  Aucun incident.

2° Ascension du 1er août.  Ascension au-dessus de Paris pour M. Messimy, député de Paris, Président de la Commission de l'Armée.  Pilotes : Capitaine Bois et Lieutenant Bienvenue.  Vent assez fort, temps orageux et instable.  Durée : 58 minutes, distance parcourue 28 km.  Itinéraire : Vaugirard (circonscription électorale de M. Messimy), Montparnasse, Chambre des Députés, Étoile.  Ascension sans incident malgré la force du vent et l'instabilité en altitude due à l'orage menaçant.

Le lendemain, un long article de M. Messimy publié dans « Le Journal » vantait la réussite de l'ascension et justifiait la politique de la Commission de l'Armée en faveur de la construction de dirigeables militaires.

3° Ascension du 2 août.  Ascension au-dessus de Paris pour M.         Cochery, député, Président de la Commission du Budget.  Pilotes: Capitaine Bois et Lieutenant Bienvenue.  Très beau temps.  Durée : 55 minutes.  'Parcours : 26 km.  Itinéraire comportant le survol de Paris à peu près comme dans l'ascension précédente.  Ascension normale ; une fausse manoeuvre de l'équipe de terre complique l'atterrissage.

4° Ascension du 22 juillet.  Ascension au-dessus de Paris pour M. Clemenceau, Président du Conseil, et le Général Picquart, Ministre de la Guerre. Pilotes : Capitaine Voyer et Capitaine Bois.  Vent faible et chaleur orageuse. Le ballon, avec cinq personnes à bord, ne peut emporter que 130 kg de lest. Durée : 1h.09.  Distance parcourue : 27 km.  Itinéraire: Auteuil, Étoile, Grand Palais, Invalides et Issy-les-Moulineaux.

L'ascension est d'abord sans histoire ; mais au retour, au-dessus d'Issy, la pompe s'arrête et il faut réparer.  Pendant la panne, après une forte descente, le ballon dérive d'environ 2 km sur Paris.  La réparation est heureusement effectuée par le mécanicien Deguffroy et le ballon est remis en marche.  Des descentes sur Issy et sur le Val sont difficilement enrayées et le lest est bientôt complètement épuisé.  C'est tout juste si le ballon franchit à quelques mètres les fils télégraphiques du viaduc de Val-Fleury et les premiers arbres de Chalais.  Puis il se pose si délicatement au milieu de la prairie que l'équipe de manoeuvre peut saisir immédiatement la nacelle sans que le guide-rope ait été largué.

Le Président et le Ministre, oubliant l'eau chaude dont ils avaient été gratifiés à l'arrière de la nacelle, ne paraissent avoir retenu de l'incident que le pittoresque d'une réparation en dérive au-dessus de Paris et la précision d'un atterrissage en fauteuil.

Ce n'est que plus tard que les incidents de l'ascension de M. Clemenceau ont été divulgués et que, après la perte du « Patrie », « l'Événement » du 18 décembre 1907 en a publié un compte rendu.

5° Ascension du 7 août.  Ascension avec escale à Rambouillet devant le Président de la République.

Le dirigeable « Patrie » devait être présenté au Président de la République, M. Fallières, à Rambouillet et y être manoeuvré sur une pelouse du Château.

L'ascension a eu lieu le 7 août pendant la matinée.  Le temps était beau, mais le vent fort et irrégulier de l'Ouest sud-ouest.

A l'aller, de Chalais à Rambouillet, « Patrie », avec le Commandant Bouttieaux à bord, était piloté par le Capitaine Voyer et le Lieutenant Bienvenue ; le parcours d'environ 40 km, par Chateaufort et Dampierre, était effectué en 1h.40.

Au retour, le ballon était piloté par le Capitaine Bois et le Lieutenant Delassus et le parcours, par les Essarts et Trappes, était effectué en 52 minutes.

Le vent n'a cessé de croître pendant toute la matinée et a singulièrement compliqué l'atterrissage au Château et les manoeuvres pendant l'escale ; il a rendu difficile le maintien de l'altitude et de la direction tant à l'aller qu'au retour.

Mais c'est surtout au retour que le ballon a subi de violents mouvements de tangage, notamment sur la Forêt Verte, et de brusques retournements de direction, avec demi-tour complet sur Buc.

Pendant tout le voyage de retour, il a fallu maintenir la pointe avant du ballon à peu près dans la direction du point de départ, l'empennage d'arrière tourné vers le point d'arrivée. Arrivé à reculons au-dessus de Chalais, il a fallu provoquer aux soupapes la descente rapide du ballon jusqu'à terre, hélices embrayées, pointe avant toujours tournée vers Rambouillet, sur la verticale même du point d'atterrissage.

Épilogue: le pilote de l'aller déjeunait à Rambouillet invité par le Président de la République; le pilote du retour recevait, par courrier le lendemain, les palmes académiques !

II - Campagne d'automne 1907 et perte du « Patrie ».  

Après avoir subi quelques petites transformations, le dirigeable "Patrie" était regonflé et prêt à sortir dès le 15 octobre.

La campagne d'automne a pris fin le 29 novembre avec la perte du ballon.

Au cours de cette campagne, le ballon était piloté par le Commandant Voyer ou le Capitaine Bois, avec le Lieutenant Delassus ou le Lieutenant Lenoir comme pilotes en second.

Onze ascensions ont été faites pendant cette période:

- neuf à Chalais du 21 octobre au 16 novembre,

- le voyage de Chalais à Verdun le 23 novembre,

- une ascension à Verdun le 29 novembre, suivie de la perte du ballon le 30.

1° Ascension du "Patrie" à Chalais en octobre-novembre 1907.

Les neuf ascensions exécutées dans cette période ont une durée totale de dix-huit heures environ.

La plupart d'entre elles ont été assez banales et nous signalerons seulement celles qui ont été remarquées à des titres divers.

Ascension du 22 octobre. - Le Commandant Bouttieaux et l'ingénieur Julliot sont à bord, avec le Capitaine Bois et le Lieutenant Lenoir. Le ballon fait le tour complet des fortifications de Paris, saluant au passage la raffinerie Lebaudy, et évolue sur Chalais. 49 km en 1h.55.

Ascension du 23 octobre. - Le ballon (Commandant Voyer et Lieutenant Delassus) est conduit au-delà d'Étampes et parcourt 100 km en 3 h. 24.

Ascension du 26 octobre. - Perte d'une hélice et escale à Fresnes.

Par une belle matinée, le Commandant Bouttieaux accompagnant à bord les représentants de l'Aéro-club, M. Léon Barthou et M. de Contades, le ballon, piloté par le Capitaine Bois et le Lieutenant Lenoir, va évoluer à Paris sur les Champs-Élysées et les Invalides,

Mais au retour, au-dessus d'Issy, après avoir pas mal ferraillé, le support de l'hélice gauche est arraché, l'hélice tombe et le radiateur est crevé.  En ascension libre, le ballon monte à 600 m. dans les nuages ; la descente est provoquée après Bourg-la-Reine, le guide-rope touche à Fresnes-les-Rungis et on atterrit très régulièrement près de l'entrée de la prison. 42 minutes en marche dirigée et 40 minutes en dérive.

Pendant l'escale, qui dure 4 h. 30, le radiateur est sommairement réparé ; au coucher du soleil, le ballon n'ayant plus que ses pilotes et le mécanicien à bord report avec une seule hélice et une vitesse réduite pour gagner son port d'attache ; 50 minutes après, il atterrit très facilement à Chalais dans la nuit noire.

Ascension du 5 novembre. - Première ascension après la remise en état du mécanisme, le Commandant Bouttieaux et l'ingénieur Julliot sont à bord.

Ascension du 9 novembre. - Le ballon (Capitaine Bois et Lieutenant Lenoir), avec le Capitaine d'Etat-Major Poindron, est conduit jusqu'à Fontainebleau.  Au retour, on le laisse monter et on survole Chalais à 830 m. d'altitude.  Parcours de 140 km en 5h.10.  Pas d'incident.

Ascension du 14 novembre. - Le ballon (Commandant Voyer et Lieutenant Delassus) ayant à bord le Commandant Bouttieaux accompagnant M. le Sénateur Grosdidier, va évoluer sur Versailles et Saint-Cyr (32 km en 1h.03).

Ascension du 16 novembre. - Le Commandant Voyer et le Capitaine Bois qui pilotent, accompagnés du Capitaine Poindron, entreprennent une ascension d'altitude.  Au-dessus de Versailles, Saint-Cyr, Étang de Saint-Quentin - et des nuages - le ballon s'élève jusqu'à 1.215 m. d'altitude et est ramené à Chalais avec la moitié du lest emporté.  Aucune difficulté. 40 km en 1h.44.

2° Voyage du « Patrie » de Chalais à Verdun le 23 novembre 1907.

Dès le 21 novembre, « Patrie » était prêt à gagner le nouveau port d'attache de Belleville, à Verdun, qui lui était assigné.

Le voyage a eu lieu le 23 novembre par un vent assez fort des régions Sud (10 m/s. à la Tour Eiffel), par un temps froid couvert le matin et le soir, et clair vers midi.

Étaient à bord le Commandant Bouttieaux avec le Commandant Voyer et le Capitaine Bois, pilotes (M.  Deguffroy et Adjudant Gérard, mécaniciens).

Au cours de l'ascension qui a duré 6h.45, de 8h.45 à 15h.30, le ballon a parcouru 240 km et s'est élevé jusqu'à l'altitude de 850 m. L'itinéraire choisi suivait la route par Montmirail, Champeaux, Châlons-sur-Marne, Ste-Menehould et Clermont-en-Argonne.

Le vent fort du Sud a constamment gêné la marche et, pour aller à l'Est, il a fallu toujours diriger le cap entre Sud et Sud-Est et la vitesse de marche a varié entre 28 km et 53 km.

Du point de vue technique, toute l'ascension, comme l'atterrissage, n'ont été marqués par aucun incident.

Le voyage réussi du « Patrie » de Chalais à Verdun a eu un grand retentissement et toute la presse en a publié les comptes rendus les plus dithyrambiques.

3' Ascension du « Patrie » à Verdun et perte du ballon les 29 et 30 novembre 1907.

De son port d'attache de Verdun, « Patrie » n'a effectué qu'une seule ascension, la dernière, celle du 29 novembre.

Très beau temps avec vent très faible du Nord-Est, assez fort seulement le soir.

Le dirigeable s'élève à 13h.45 avec, à bord : le Général Andry, gouverneur de Verdun accompagné de son officier d'ordonnance, et les membres de l'équipage (Capitaine Bois, Lieutenant Delassus, Lieutenant Lenoir Pilotes, M. Deguffroy et Adjudant Girard mécaniciens).

Au bout de vingt minutes d'une marche très régulière de 8 km avec évolutions au-dessus de la ville de Verdun, près du fort Saint Michel, c'est la panne d'allumage provoquée par la prise du pantalon de l'Adjudant Girard dans l'engrenage de la magnéto.

Profitant du calme du temps, les mécaniciens entreprennent de réparer à bord : nettoyage des dents, remplacement d'un fil, vérification des bougies, réglage de la roue du distributeur...

Sans s'élever à plus de 400 m., le ballon dérive lentement jusqu'au fort de Landrecourt, Puis plus rapidement au-delà.

Les essais de remise en marche du moteur étant restés vains, il faut atterrir.  La descente est réglée, le guide-rope est largué et après 2h.40 de dérive pendant lesquelles ont été parcourus environ 17 km, dont 4 km au guide-rope en partie au-dessus des bois, le ballon est arrêté sans difficulté à 16h.45 à la nuit tombante près de Souhesmes-la-Grande par des cavaliers arrivés de Verdun et bientôt renforcés par quelques habitants des villages et les troupes des forts voisins.

Toutes dispositions sont prises immédiatement pour camper sur place le ballon que l'on comptait pouvoir réparer, et organiser le service de garde.

« Patrie » est resté au campement de Souhesmes de 16h.45 le 29 novembre à 20 heures le 30 novembre.

On ne s'étendra pas sur les péripéties de la dernière journée du «Patrie» marquée par des alternatives de calme relatif et de rafales violentes qui ont conduit à de fréquentes manoeuvres sur un terrain assez peu propice.

Après une dure journée, alors que le Capitaine Bois devait quitter le terrain pour conférer avec le Commandant Bouttieaux, l'ingénieur Julliot et un monteur de Panhard arrivés de Paris et que le Lieutenant Lenoir venait de prendre le commandement de la manoeuvre la situation du ballon devenait critique et il fallait se préparer à le déchirer.  

L'accident du « Patrie » vu par une caricature de l'époque  

Malgré les dispositions prises, non sans risques ni péril, pour faire fonctionner la déchirure, sa commande coincée dans la suspension ne put être dégagée et actionnée ; après un traînage et dans l'impossibilité de résister plus longtemps, le chef de manoeuvre dut commander le « Iachez-tout ».

Le ballon désemparé disparaissait rapidement vers l'Ouest.  On apprit plus tard qu'il avait touché le sol dans I'Irlande du Nord où, avant d'aller s'engloutir dans la mer, il semait une partie du mécanisme de la nacelle que les Anglais ont bien voulu nous renvoyer comme souvenir.

Survenant aussitôt après le brillant voyage de Chalais à Verdun, la perte dramatique du « Patrie » à la suite de sa première ascension à Verdun a causé partout une vive émotion.  La presse s'est emparée de l'événement et beaucoup de journaux en ont publié des comptes rendus tendancieux ou malveillants, durs pour les aérostiers militaires.

Au point que le Commandement dut réagir et que le Général commandant le 6e C.A. citait à l'ordre du Corps d'Armée le Lieutenant Lenoir et les troupes de service au campement du ballon à Souhesmes.

C'est dans le rapport du 1er décembre 1907 du Capitaine Bois au sujet de l'ascension du dirigeable « Patrie » à Verdun et de la perte du ballon campé à Souhesmes (29-30 novembre), et dans le compte rendu annexe du Lieutenant Lenoir, de service au campement du ballon au moment de sa perte, qu'il faut chercher la relation exacte des faits déplorables, conséquences de l'incident le plus futile, aggravé par des circonstances de plus en plus défavorables.

Cependant, la vérité sur la perte du « Patrie » devait se faire jour et être répandue plus tard dans la presse, notamment par des articles documentés dans « le Journal » du 10 décembre et dans « l'Evénement » du 18 décembre 1907.

On sait que « Patrie » devait être remplacé à Verdun par le «Ville de Paris» qui rejoignait par les airs ce port d'attache le 15 janvier 1908 avec, à bord, le Commandant Bouttieaux et M. Kapferer.

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